Fin de mandats des maires haïtiens. Comment faire les bilans?

Ce mois de juillet marque la fin des mandats pour la grande majorité des maires en Haïti. Si comme pour tous les autres élus, ils vont afficher un satisfecit concernant le travail accompli à la tête de leur commune respective, on se propose ici de donner quelques pistes capables de mieux évaluer le travail de chaque conseil municipal.

Avant tout, il faut mentionner que chaque commune à sa particularité, ensuite que chaque conseil municipal avait été élu sur la base de promesses propres à leurs communes, et enfin que les droits et devoirs (privilèges et responsabilités) des maires haïtiens sont régis par le décret du 1er février 2006.

La particularité de chaque commune et les promesses que les maires (candidats d’alors) ont faites à la population doivent être évaluées par la société civile de chacune des communes. Les attentes ne sont pas les mêmes pour toutes les communes du pays surtout que les moyens économiques constituent le plus grand frein au développement de la majorité des communes en Haïti.

Mis à part les six (6) grandes municipalités de la région métropolitaine (Port-au-Prince, Delmas, Tabarre, Pétion Ville, Cité soleil, Carrefour), les neufs autres chefs lieux départementaux auxquels on peut ajouter Mirebalais et Ouanaminthe; les autres communes du pays sont dans l’incapacité de collecter des taxes en vue de mettre en œuvre un plan de développement local.

L’article 2 du décret portant sur l’organisation et le fonctionnement des communes définit la commune comme étant  une collectivité territoriale moyenne ayant une personnalité morale et dotée de l’autonomie administrative et financière. Son territoire est entièrement subdivisé en sections communales. L’article 5 de ce même décret stipule que les intérêts de chaque commune sont administrés par un organe exécutif appelé indistinctement conseil municipal ou conseil communal. Ce qui octroie aux maires la fonction d’administrateurs locaux ou d’agents de gouvernance locale.

Dans le but de favoriser la participation et le développement local, il est créé, sous le leadership du maire ou de la mairesse, une instance dénommée Conseil de Développement de la Commune (CDC). (Art 88).  Ce conseil constitue le principal outil pour la mise en œuvre des actions visant le développement des communes.

C’est d’ailleurs sur cette base que doit être évaluée le mandat de chaque conseil municipal.

Combien d’entre eux ont mis en place le conseil de développement de leur commune respective?

Combien d’entre eux ont organisé ou réorganisé les marchés, les cimetières, les gares routières?

Combien d’entre eux ont créé ou réorganisé de nouvelles écoles, de nouveaux centres de santé ou encore des espaces publics  municipaux? (voir Art 64, 88 et 92 du décret)

Combien de constructions anarchiques ont été érigées dans les communes pendant ces quatre dernières années?

Les réponses à ces questions, simples certes, peuvent  nous aider à comprendre à quel niveau nos maires ont réussi ou ont échoué dans leurs fonctions.

 

Concernant leurs rôles d’administrateurs financiers des communes et la façon dont ils ont géré les fonds communaux, il revient à la cour supérieure des comptes de faire ce travail en comparant les recettes et les dépenses effectuées durant les mandats. Mais en ce qui concerne leurs rôles d’agents de développement local, il revient aux citoyens, aux organisations locales et à la société civile d’évaluer les réalisations de chacune des conseils municipaux.

 

Love-Mackendy Valcin,

Géographe-Aménageur

Contact: mackenlove876@gmail.com


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