La femme, l’homme et l’humain
« Dieu créa l’homme et la femme », lit-on dans le livre de Genèse, dans ce recueil de textes sacrés qu’est la Bible. La distinction entre le mâle et la femelle de l’espèce humaine est ainsi établie. Sans vouloir trop tâter la notion de genre, j’ose dire que ce n’est pas dans les écrits que nous apprenons à nous distinguer et à nous classer en mâles et femelles. C’est naturel, c’est de l’anatomie basique.
Pourtant, tout se complique dès lors qu’il s’agit des rapports entre les deux. Le fait est qu’ils se voient mutuellement à travers des prismes. Ainsi, un attribut commun peut-être retenu comme caractéristique essentielle d’un seul même si cela ne résiste pas à la réflexion. La réflexion justement, a-t-elle sa place dans ces rapports fait de préjugés et de théories superficielles?
Beauté et Force. Voilà un bon exemple de considération hâtive dans les rapports homme-femme. Donc la beauté serait l’apanage de … et la force serait l’apanage de … Bien sûr ! Bien sûr que cette idée reçue est fausse. A bien réfléchir, on se rend compte que cette conception est le fruit d’une histoire qui a cultivé cette dichotomie sociale bien visible : foyer / politique, cuisine / finances, etc. De cette manière, l’homme (le mâle) est en enfermé dans une sphère (l’arène sociale, le politique, la finance) tout comme la femme est enfermée dans une sphère (l’arène familiale, le foyer) et ce, par la culture, par les coutumes, par la civilisation.
Voir le monde en noir et blanc nous a fait croire que l’un devrait nécessairement être meilleur que l’autre. C’est l’histoire des calamités de toutes les minorités. Les idées reçues sont tenaces mais ça ne le rend pas vraies. Ce n’est pas parce-que nous sommes différents que nous ne sommes pas égaux ! Etre égal ne revient pas à être identique. L’histoire de cette société dominée par les hommes est l’histoire de la mésinterprétation de la différence. C’est ce qu’on désigne par le terme intolérance. Toute intolérance produit de la violence, la violence des dominants contre les dominés. Violence qui se retourne contre les dominants en ce qu’ils se privent d’une collaboration fructueuse et d’une meilleure connaissance de l’autre. Violence qui influence les dominés qui en arrivent à se voir à travers le prisme du dominant (c’est-à-dire qu’ils acceptent et intériorisent l’infériorité déclarée par les dominants).
Ces deux idées reçues : que l’un est fort et l’autre faible ; que l’un est meilleur et doit forcément dominer, sont néfastes. Elles placent les relations entre hommes et femmes sous le signe de la violence. Physique, verbale, la violence est très présente car c’est un des rouages de la société : imposer à des gens leur comportement, autoriser telle ou telle autre attitude ou opinion…
Comment concilier l’homme et la femme malgré leurs différences et les problèmes qui en découlent ? Cette question nous amène à penser à l’humain, à l’humanité en nous. En effet, l’homme et la femme forment l’espèce humaine. Ils se rencontrent donc en ce sens qu’ils sont tous deux humains et que chacun l’est avant d’être homme ou femme. L’humain en chacun de nous dit que nous ne saurions être supérieurs à d’autres êtres humains. Mais le racisme et le sexisme étouffent sa voix. Et dans le bruit confus des préjugés, on n’écoute plus l’appel vers l’autre. Que des humains dominent sur d’autres humains, c’est un fait. Mais que des humains soient supérieurs à d’autres humains, cela n’a jamais été prouvé (« Nonsense », diraient les anglophones).
Il est facile d’oublier que l’homme et la femme sont tous deux pareils en ce sens qu’ils sont humains. Amis c’est précisément ce qu’on devrait considérer avant de les comparer ; ils sont humains. Différents mais tous deux humains. Car si nos différences tendent à être un abîme pour nous séparer, l’humanité est ce pont ou hommes et femmes (humains) se rencontrent dans le respect et la fraternité.
© Jean-Elie François
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