Angela Dorothea Merkel : le pouvoir n'a pas de genre

En 1954 à Hambourg, soit le 17 juillet, dans l'Ouest de l'Allemagne, est née une petite fille dénommée Angela Dorothea Kasner qui plus tard, deviendra la toute puissante que nous connaissons tous/tes aujourd'hui sous le nom d'Angela Merkel. Nom qu'elle a gardé après avoir divorcé de son premier mari, Ulrich Merkel, en 1982. Elle célèbre un second mariage en 1998 avec Joachim Sauer, professeur de chimie. Reconnue pour son humour, sa prudence, son humanité et surtout sa manière de diriger et de garder le pouvoir en instaurant stabilité et progrès, Angela est la femme la plus admirée de l'Allemagne et les allemands l'appellent "mutti" (maman). Ils estiment que leur pays est entre de bonnes mains et elle est reconnue comme étant la cheffe qui inspire le plus confiance sur la planète. Elle gouverne sans artifice et posément depuis 2005 - élue de justesse la première fois - mais elle parvient à renforcer son pouvoir et son influence d’une élection à une autre, en se faisant réélire à chaque fois en misant sur sa modestie et sa prudence.

Sa mère est institutrice et son père, pasteur protestant et socialiste a été muté à l'Est, à Brandebourg (partie du pays sous la domination soviétique) seulement quelques semaines après la naissance d'Angela et où elle passera son enfance. Son père est devenu très vite ami du régime mais Angela, elle, a toujours suivi sa voie en ayant ses opinions propres. Américanophile, elle porte des jeans et aime le rock - ce qui est réprouvé en Allemagne de l'Est -. Plus tard, elle étudie la physique pour l'intérêt qu'elle y porte mais aussi pour le côté apolitique de la science. En 1986, elle obtient son doctorat en chimie quantique à l'université de Leipzig. 

La femme la plus puissante du monde selon le magazine Forbes (2013), est d'un naturel à faire pâlir d'émotion. Les allemands lui trouvent un petit côté sympathique en dépit de sa moue perpétuelle. Les gens la voient comme une mère. Lors de la coupe du monde en 2014, à la victoire de son pays, elle est sortie les bras en l'air acclamant l'équipe nationale, un sourire enfantin sur le visage. Beaucoup de personnes de sa ville natale gardent ce souvenir d'elle. En temps normal, Angela Merkel n’est pas émotive, dit Alan Posener. Mais quand elle s’enthousiasme, on dirait qu’elle ne se contient plus. Elle en fait trop, et ça donne envie de lui tapoter le dos. Ça fait ressortir le côté protecteur des gens. 

Cette tacticienne astucieuse disposerait toutefois, dit Judy Dempsey, d’une arme secrète capable de souder son cercle de conseillers et d’alliés, c'est son humour. Elle est vraiment très drôle, dit-elle. Quand elle est reposée, elle se livre à d’excellentes imitations de personnages connus. Lors des réunions, elle sait que les hommes aiment parler, alors elle les laisse parler, même si elle est la personne la plus importante de la réunion. Mais cela n'empêche qu'elle incarne le pouvoir. 

Le bouillonnement de la réunification en 1989 lance sa carrière politique. Élue député au CDU (Union Chrétienne-Démocrate) en 1991 malgré son ton criard et sa maladresse oratoire, elle dénonce sur la place publique les magouilles de son mentor alors qu'elle était secrétaire générale du parti. En 1998, Angela Merkel est élue à la tête de la CDU et devient ainsi la première femme à diriger un parti chrétien-démocrate. Sept années plus tard, elle est nommée chancelière à la tête d’un gouvernement de coalition. Elle est reconduite à ce poste en 2009, puis en 2013 où elle dirige un nouveau gouvernement de coalition avec le parti social-démocrate SPD. En 2014, elle est réélue sans surprise à la tête de la CDU pour la huitième fois consécutive. Le 6 décembre 2016, avec 89,5% des voix, elle est à nouveau choisie pour diriger le parti de l’Union chrétienne démocrate huit mois avant les élections législatives pour lesquelles elle briguera un quatrième mandat. Parfois qualifiée par ses détracteurs de "Dame de fer" allemande (en référence à la Britannique Margaret Thatcher), la chancelière dirige son pays d'une main de fer… veloutée. Car, les allemands ne s'en plaignent pas. Ils trouvent la manière de diriger de Merkel comme la plus appropriée puisqu'elle apporte des résultats (stabilité, progrès, respect de leurs droits et valeurs etc.) Ce n'est pas sans raison que les allemands l'appellent "mutti". 

Elle a remporté en 2017 les élections législatives qui lui ont valu à elle et son parti de centre-droit (CDU) un quatrième mandat. Ces élections ont été les plus suivies dans le monde depuis la réunification de l'Allemagne. Ont renforcé son rôle de leader de l'Allemagne à l'avant-scène de l'international ses décisions de recevoir un million de réfugiés syriens en 2015 et aussi le Brexit (retrait du Royaume-Uni de l'Union Européenne à compter de 2018) sans compter les critiques de Trump qui soutient qu'elle ruine l'Allemagne. Mais à 66 ans, elle est la cheffe qui inspire le plus confiance et selon le centre de recherche américain Pew Research Center, 42% des gens dans 37 pays croient qu'elle saura mieux prendre les bonnes décisions contre seulement 22% dans le cas de Donald Trump. Elle n'agit pas dans l'urgence et seulement si elle est convaincue de son affaire, selon Stefan Fröhlich, professeur de politique internationale à l’Université Friedrich-Alexander. Les allemands sont donc fiers de leur chancelière qui est aux yeux du monde entier une dirigeante respectée, qui défend des valeurs et des droits qui leur sont chers. Elle vit dans un appartement au centre de Berlin avec son mari, Joachim Sauer et le couple passe ses vacances à la montagne en randonnée. « Elle a toujours mis de l’avant son côté frugal et même très modeste, dit Frédéric Mérand. Elle donne l’exemple au sommet, ça nourrit sa politique. » 

Simple, modeste, posée, imposante, la chancelière a su s'imposer dans un milieu que l'on considère (anormalement) comme un milieu d'homme. Un milieu où tout se joue, où il n'est pas permis de baisser la garde. Un milieu où il est beaucoup plus facile d'avoir le pouvoir que de la tenir. Angela a fait la différence. Elle s'est distinguée de tous ces hommes qu'on disait aptes à diriger contrairement aux femmes. Elle donne une ligne à suivre aux générations de maintenant et à venir: il ne faut pas se regarder en tant que femme pour se dire ce qu'on est capable de faire ou pas. Il faut se regarder comme un humain et faire ce qu'il y a à faire pour le bien et le progrès de l'humanité entière. Être une femme ne doit plus constituer une barrière, c'est juste une question de perception. Il faut foncer et donner le meilleur dans la mesure du possible. Laissez-les parler quand ils veulent attirer l'attention pour maintenir le monopole et imposez-vous par vos prises de décisions, vos actes et la force de votre parole. Femmes, ce n'est plus le temps de rester dans nos coins, le passé est un souvenir mais l'avenir nous appartient. Il est temps de le modeler: le futur est à nous. 

Le 17 février 2020 

Rodeline DOLY, 

Coordinatrice générale de l'Organisation pour l'Émancipation des Femmes à travers l'Éducation 

Étudiante en Sciences juridiques et apprentie sociologue

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