Christiane Taubira : la politique c'est aussi l'affaire des femmes



En 1952, à Cayenne en Guyane est née Christiane Taubira, aujourd'hui femmes de lettres, écrivaine, fervente défenseure des droits humains et surtout des droits des marginalisés, elle fait de la politique son ultime recours pour s'opposer à une réalité qu'elle voit injuste. Elle a passé sa jeunesse dans une maison en bois, dressée sur des pilotis, protégée par un pied de piment-café censé éloigner les mauvais airs. Elle est la sixième d'une fratrie de onze enfants, élevés par leur seule mère qui était aide-soignante à l'hôpital. La vie de Christiane connut un chamboulement lorsqu'elle perd sa mère, elle avait 16 ans mais elle ne se laisse pas faire, elle écrit à ce propos : "je comprends que l'on n'a rien au-dessus de soi. Pas d'abri, pas de maître. Depuis, je sais que ma liberté est autant mon œuvre que mon risque". Elle milite depuis ses années au Lycée de Cayenne, ensuite elle a étudié l'économie, la sociologie et l'ethnologie. Elle garde l'habitude de dévorer jusqu'à 5 livres par semaine : " je soigne mon âme par la littérature" avoue-t-elle souvent. Elle s'engage, en 1978, avec celui qui deviendra son mari à la lutte indépendantiste, Roland Delannon, qui plus tard se présentera aux élections régionales contre elle, à son insu en 1998. Ce qui provoquera le fracassement et du couple et du parti : j'ai aimé passionnément cet homme pendant 20 ans, confie-t-elle. Elle fonde en 1993 le parti guyanais socialiste Walwari dont elle fut la présidente et sous la bannière de laquelle elle fut élue députée. Taubira reconnait que malgré toutes les reviviscences de son mari, qu'il a des qualités exceptionnelles (Mes météores). Elle est la mère de la loi qui reconnaît la traite et l'esclavage comme crime contre l'humanité, loi qui porte son nom (loi Taubira).
Victime de racisme et accusée de laxisme, elle mène à son terme sa réforme pénale, une loi contre le harcèlement sexuel et devient, en 2013, l'égérie du soutien aux mariages pour tous par ses discours humanistes. Sa carrière politique prendra une dimension nationale avec sa candidature aux élections présidentielles en 2002 après avoir été choisi par le parti socialiste de gauche dont elle devient ensuite la vice-présidente. Elle se ralliera à divers personnalités politiques qui seront élus présidents, comme François Hollande dont elle fut la ministre de la justice de 2012 à 2016. Elle aurait remis sa démission suite à son désaccord avec le gouvernement au sujet de la déchéance de nationalité pour les individus coupables de terrorisme. En démissionnant, elle laisse derrière elle nombre de lois encore inachevées parmi lesquels on peut compter celle qui a provoqué sa démission.
Divorcée en 2002 de Roland, Christiane est mère de quatre enfants, deux filles et deux garçons, elle ne manque pas une occasion de faire quelque chose qu'elle aime ou de passer du temps avec ses enfants en faisant des activités simples. Elle a été sujette à de nombreux actes de racisme, de calomnie et d'attaques violentes mais elle accuse les coups et dit : "je reste fidèle à moi-même". Observée à la loupe, son moindre écart est jugé. Elle est en plus discriminée à cause de sa couleur de peau. "Femme, noire, pauvre, quel fabuleux capital ! Tous les défis à relever!" confie-t-elle dans « Mes météores » paru en 2002. Elle est aujourd'hui, à 68 ans, la femme politique la mieux payée dans le monde, sa fortune s'élève à plus de 100 millions. Il faut croire que le genre, la couleur de peau, le sexe ne peuvent déterminer l'altitude de quelqu’un.
Dans un monde, dominé par les hommes, Christiane s'est fait tout un nom de sorte qu'on ne peut pas parler de politique française sans faire allusion à elle. Son franc-parler, ses positions et prises de décisions lui ont taillé une place là où personne ne l'attendait. Elle ne s'est pas laissé démanteler. Ni par ce qui est autour, par les attaques ciblées ou par les opinions racistes ou genrées. Aujourd'hui retirée de la politique nationale, elle ne manque pas de donner son avis, qu'on sollicite à chaque fois  sur les actualités, s'érige en conférencière et en sage de gauche mais n'exclut pas la possibilité de se présenter aux élections de 2022. Elle veut prendre des responsabilités internationales: le monde va mal, dit-elle. Je veux vivre, me battre, transmettre, croire, aider à espérer. Je suis une combattante". C'est ce qu'on souhaite à chaque jeune fille, d'être des : Combattantes. De transcender les préjugés et les préconçues sur la place des femmes. D'apparaître là où on s'y attendait le moins.



Rodeline DOLY,
Présidente de l'Organisation pour l'Emancipation des Femmes à travers l'Education
Étudiante finissante en sociologie

Commentaires

  1. Ça fait plaisir de lire , ce message doit être vu par nos jeunes filles haïtiennes. Mon devoir est de vous aider à le partager. Un Doly c'est aussi flambeau

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    1. Merci de lire et de partager ce message ! C'est un plaisir de vous proposer ce genre de contenu.

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